LUCA LOCATELLI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Par Aureliano Tonet et Margherita Nasi
ReportageRéservé à nos abonnés
Publié aujourd’hui à 06h32, mis à jour à 06h32
De qualité exceptionnelle, le marbre de Carrare est réputé depuis la Rome antique. Mais son exploitation intensive menace à court terme l’équilibre économique et écologique de la région des Alpes apuanes.
C’est une montagne magique. Un géant de pierre, dont les membres s’étendent là, comme sur un crucifix. Cloué entre la chaîne des Apennins et la Méditerranée, au nord-ouest de la Toscane, juste avant qu’elle ne croise la Ligurie. Il se fait appeler Alpes apuanes, culmine à 2 000 mètres d’altitude, porte d’augustes cheveux d’argent.
Drapé d’éternité, ce dieu inerte veille sur les villes de Carrare et de Massa, en contrebas ; deux cent mille mortels à ses pieds. Toute la vallée est rivée à l’or blanc qui coule de ses veines – ce marbre d’une finesse extraordinaire, dont la couleur est aussi lunaire que le prix.
Loué déjà par Pline l’Ancien
En a-t-il jamais été autrement ? Les Anciens, déjà, vénéraient cette divinité minérale. Des carrières qui balafrent ses flancs, ils disaient qu’elles cicatrisent toutes seules. « Ceux qui les exploitent affirment que ces plaies des montagnes se comblent spontanément », prétendait Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle. C’était il y a deux millénaires, quelques années après la naissance de Jésus-Christ ; c’était hier.
Aujourd’hui, contre quelques euros, les touristes visitent dévotement les carrières abandonnées, reconverties en musées à ciel ouvert. Plus sûres et moins bruyantes que celles, non loin, encore en activité. Plus propices à la rêverie, aussi. Où que l’on plonge son regard, l’épopée d’un pays entier, l’Italie, s’offre à l’imagination, servie sur un plateau marmoréen. Nul besoin de guide ni de pelle ; il suffit de creuser avec les yeux.
Ces entailles, au faîte de la montagne ? Sans doute la Rome des empereurs. Après tout, ce sont leurs esclaves qui, les premiers, puisèrent ici la matière du Panthéon, du forum de Trajan, de la pyramide de Cestius. Ces stigmates, à même les monts ? Peut-être Michel-Ange. Le sculpteur florentin arracha la chair de son David et de sa Pietà dans les parages.
Ces brèches, si haut perchées ? Serait-ce le Vatican, sous l’injonction de qui tant de bondieuseries sortirent des roches alentour ? Un coup des anarchistes, qui, à la fin du XIXe siècle, consolidèrent leur mouvement à l’ombre des carrières ? Ou la trace des fascistes, dont l’architecture monumentale sacralisait ce marbre d’une édifiante pureté ?
Quatre millions de tonnes par an
En 2017, il a émis un grondement sourd : à la suite d’une varata – opération consistant, pour des raisons de sécurité, à faire sauter à l’explosif un pan de la montagne –, un écroulement de 30 000 tonnes a fait tressaillir Carrare. La plainte a été assimilée par les sismologues à un léger tremblement de terre.
SOURCE : https://www.congotribune.net/le-marbre-de-carrare-broie-du-noir/
c'est tout ce que j'ai trouvé en cherchant sous Google....
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Certains regardent la vase au fond de l'étang, d'autres contemplent la fleur de lotus à la surface de l'eau, il s'agit d'un choix (Dalaï Lama).