coâ?
émaillée par Marie-france Lesnécette sculpture est l'illustration d'un conte concocté par moâ:
Le roi crapaud conte tiré du recueil de l'expo "les monstres"
Conte
Il était une fois un enfant.
Cet enfant était né par une horrible nuit d’orage, ceci expliquait peut-être cela.
Ce qui peut aussi expliquer cela, c’est que votre serviteur, le narrateur n’aime pas les contes, leur côté mièvre sans l’être, avec des choses psychologiques cachées que seuls les initiés décryptent, et le sempiternel « il était une fois dans un pays très très lointain », hypocrisie de ce style d’écriture…
Il était donc une fois dans un pays dont on ne connaît la situation géographique que par mon évocation et dont plus tard des gens initiés se fatigueront à le placer dans le sud de la France.
Il était une fois un enfant qui naquit laid, comme tous les enfants diriez-vous mais non, celui-ci naquit vraiment laid.
Il ne ressemblait guère à un enfant même à un enfant de pays inconnu.
Il avait une bouche énorme (insistez sur le » é » d’énorme en le répétant du style »ééééééé »).
De petits yeux bizarres ; entre ceux de la couleuvre de Montbéliard et le mouton.
Ses avant-bras étaient courts et ses jambes démesurées, en outre il lui manquait des doigts aux mains ainsi qu’aux pieds.
On eut dit que cet enfant avait reçu un sort d’une méchante sorcière ou d’un marabout (ben oui, peut-être l’histoire se passe-t’elle en Afrique, qu’en sais-je ?), ou d’un Djinn (ou en Afrique du nord pourquoi pas) et que cette magie transforma le chérubin (pour ne pas répéter enfant, je suis content d’avoir trouvé ce mot, chérubin), (j’en ai marre des parenthèses) en un horrible (insister sur les « rrrr » d’horrible) crapaud gluant.
Bien sûr sa mère mourut à l’instant quand elle le vit et son père de chagrin le lendemain.
Comme le couple n’était pas princier, n’avait pas d’autres enfants ou de la famille pour payer les frais d’hôpitaux, on jeta l’étrange chose inutile aux toilettes comme on le fait pour le poisson rouge de sa fille lorsqu’il meurt.
Le rôt du chiotte conclut à la fin de l’horriiiiible enfant pour les infirmières de cet hôpital nommé Santa Maria, bouh ! qu’il était laid celui-là.
La dernière fois que l’on s’était débarrassé ainsi d’un enfant dans cet hôpital, c’était dans les années soixante-dix, l’on se souvenait que de son prénom, Louis.
Pourquoi je parle de ça ?
Pour relater un fait, rajouter des détails pour aider à la compréhension du récit, pour banaliser des pratiques qui sont souvent exécutées et dont la presse et les médias nous tiennent éloignés.
Il est bon aussi qu’un conte informe.
On en sait désormais beaucoup plus aujourd’hui sur la vie des nains, de nos têtes couronnées, des sirènes et des chevaliers tueurs de dragons grâce aux contes.
C’est vraiment utile, les contes.
Revenons en au crap... à l’enfant.
Il survécut avec une certaine complaisance dans les égouts.
Il pouvait s’y nourrir, il eut ses premières leçons d’éducation sexuelle car toutes sortes de couples s’y rendaient pour des ébats proscrits.
Les égouts commençaient en amont dans une plaine, reliquats d’un torrent de montagne et débouchaient en aval dans la mer, ce qui l’eût intéressé s’il eût aimé la mer et la montagne.
En fait même, il n’aimait rien, ou si peu.
C’est en voyeur qu’il comprit un jour que ce qui l’intéressait, c’était ces ébats sexuels.
Il aimait les observer et aurait même souhaité y participer.
Des légendes couraient dans son pays que dans les égouts vivait un énoooooooorme crapaud gluant voyeur pervers.
Il les entendit.
Il réfléchit.
Un temps assez long.
Très long même.
Le temps de cette réflexion, il se cacha.
Lorsque sa décision fut prise, il s’exécuta aussitôt.
Il se montra au public, sur une place du centre ville, de la vieille ville précisément, en face du bar de la dégustation pour être exact, à l’heure où cette place est la plus fréquentée, lorsque les pies qui portent des attachés case croisent les petites vieilles qui ont dérobé les fonds de cagettes pour manger trois melons pourris, c’est-à-dire l’heure de fin du marché.
Ils le virent, gluant rampant malodorant.
On sentait dans cette foule déjà une forme de peur à la vision de cet être ayant des restes d’humains, mais dont la majeure partie de son apparence en faisait un batracien.
La foule prit la fuite lorsque le principal sujet de cette histoire se mit à parler.
Sa satisfaction fut intense lorsqu’il vit cette très belle jeune femme tombée là, de peur, évanouie.
Il se pressa de s’installer de poser son corps mou flasque devant elle attendant son réveil.
Quand enfin elle s’éveilla, elle le vit et retomba évanouie.
Puis se réveilla puis évanouissement.
Et encore.
Et encore.
Puis elle s’éveilla et vomit, avant de retomber encore dans les pommes.
Quand elle s’éveilla, la nuit tombait et estompait les traits amphibiens de ce crapaud à qui l’on n’a toujours pas donné de prénom, c’est bien dommage.
Il lui proposa de lui offrir un verre au bar, là, celui de la Dégustation.
Elle accepta.
Le serveur prit la commande, il ne fit pas de remarque car de toute façon il n’en a rien à foutre des clients, qu’ils soient crapauds ou maire de Nice, d’ailleurs.
Alors le crapaud raconta à la jeune femme qui était vraiment très belle si vous voyez ce que je veux dire, hé hé, son histoire.
Sa naissance horrible, l’orage, les infirmières, les toilettes les égouts, son horrrrrrible vie, coâ.
Elle aussi lui raconta son histoire ; ses parents crétins qui ne la comprenne pas et qui la pousse à faire des études alors que des enfants meurent de faim dans le monde et qu’elle pourrait les aider les pôvres.
Les mecs c’est tous les mêmes, ils ne la comprennent pas car ils sont trop présents, elle n’a pas besoin d’un père tu vooooa et en même temps elle en a assez de ces mecs hyper distants qui ne partagent rien.
Le crapaud écoutait en faisant des « hmmm hmm » patients.
Il répondit que les rapports hommes femmes étaient galvaudés de nos jours, les vraies rencontres sont impossibles, un homme ne pouvant plus inviter une femme à le suivre en toute confiance boire un café sur une terrasse sans que celle-ci ne se sente menacée d’une drague lourde et misogyne.
Elle fut dès lors en confiance lorsqu’il lui dit : Vous savez belle demoiselle voyez-vous, j’ai reçu ce maudit sort qui fait de moi ce monstre que vos yeux ont tellement de mal à supporter
- Meuh non
- Si, si, vous êtes gentille, cela fait du bien de se sentir supporté et écouté.
- Voyez vous, ce sort fait qu’aucune femme ne m’a jamais embrassé alors que cela me libérerait…
- Bêêêêêêrk, fit-elle grimaçante.
- Comme je vous comprends, mais voyez vous je pourrais ainsi, si vous m’embrassiez, redevenir le prince que j’étais et reprendre mes droits, mon pays, ma fortune…
La jeune femme se jeta sur lui et l’embrassa d’un baiser généreux, goulu, long et passionné.
Rien ne se passa, si ce n’est le rire long grave pervers du monstre satisfait de sa supercherie.
Elle vomit ses entrailles et le crapaud partit dans les égouts
Lorsqu’il fut dans son antre, il put remarquer avec curiosité qu’une sorte de furoncle était apparu sur sa fesse droite.
Il l’éclata avec délectation.
Alors que le pu de ses méfaits dégoulinaient sur ses fesses et rejoignaient ses testicules, il décida qu’était venu pour lui enfin le temps de partir vers d’autres contrées à l’aventure.
Notre crapaud qui, vous l’avez compris, n’était donc plus un enfant depuis longtemps, partit à l’aventure.
Il franchit de nuit la barrière psychologique qu’était cette frontière, l’entrée de l’ancien torrent vers cet enfer humide et pestilentiel.
Sur le chemin, l’odeur des égouts vint vite à lui manquer.
Son choix de prendre la voie nord plutôt que le bord de mer se fit d’après une logique implacable.
Le nord, il fait plus frais, les rayons du soleil ne brûleraient pas sa peau délicate.
Le furoncle cicatrisait mal, mais la douleur de cette démangeaison lui provoqua l’exquis souvenir de ce qui fut pour lui une seconde naissance.
Son périple fut long, son chemin fut parsemé de légendes sur lui, de terreurs, d’histoires de rapines et de viols.
On exagérait.
Les gens parlaient d’un horrible crapaud aux dents pointues crachant des flammes.
Que de bêtises.
De plus, il savait se tenir debout, mal, mais il pouvait le faire, cela étant plus pratique pour passer inaperçu, si l’on veut.
Il s’habilla donc.
Sa démarche saccadée et son allure pas banale firent qu’il décida de marcher surtout la nuit.
Ses méfaits s’amplifiaient en perversité.
Il se dépucela à l’aide d’une poule, qu’il mangea ensuite.
Puis il s’essaya à la chèvre, à la carcasse de chevreuil mort la veille, il fourra son sexe dans une couleuvre.
Il rencontra une bergère, qu’il embrassa de force, puis il la viola pendant qu’elle vomissait, elle mourra d’ailleurs étouffée dans son vomi, tellement cet acte était pervers et celui qui le commettait laid.
À chacun de ses méfaits, une nouvelle pustule lui poussait sur le corps qu’il éclatait toujours avec délectation, les yeux révulsés.
Son périple l’emmena dans une région verte, humide où vivaient essentiellement des paysans.
Il eut envie de mettre un terme à son nomadisme, de s’installer dans cette région.
Il trouva une grotte humide, madeleine de Proust, les images de son égout chéri furent réveillées.
Ainsi que celles de sa naissance.
Il eut mal.
Il passa ses deux premières nuits dans son nouveau foyer à réfléchir.
Il ne pouvait continuer à commettre de petits méfaits, surtout s’il voulait s’installer dans ce coin, il se ferait vite repérer.
De plus, cela commençait à l’ennuyer, c’était toujours pareil.
Il en fallait plus.
Il lui fallait le pouvoir…
Il était une fois un enfant !, dit-il.
On retrouva ainsi le crapaud bonimentant la foule, sur la place du village, vous savez !
Là où se trouve l’église face à la mairie avec le bar entre les deux.
C’est en ce point stratégique finement choisi que notre crapaud commença sa conquête du monde.
Mais ceci est une autre histoire…
Tout ce que vous devez en savoir, c’est qu’il eut le pouvoir, son règne ne fut que terreur et il s’en délecta.
Lorsque le monde en eut assez de son règne, il se révolta et le roi crapaud disparut.
Ce fut facile pour lui car il n’avait toujours pas de nom.
Il eut aussi l’intelligence de subir moult opérations chirurgicales esthétisantes.
Notre roi méconnaissable et immensément riche était assis là, au Wagram, un bar superbe.
Il était de retour dans sa ville natale, sur une terrasse, il s’ennuyait.
Il avait tout eu.
Sur la table à côté de lui, deux mecs parlaient de conquérir le monde, eux aussi, par Internet.
Il se joignit à leur discussion, disant qu’il avait l’expérience nécessaire.
Ainsi l’aventure recommença pour lui avec ceux qui se nommaient Benoît g. Gerbet et Frédéric Falsetti…