Hier soir je suis allée au cinéma voir le film
Séraphine.
http://www.commeaucinema.com/film=seraphine,89280.html
Née à Arsy, dans l'Oise, Séraphine Louis est d'abord bergère, puis employée de maison à Senlis. Le soir, à la bougie, elle peint. Il s'agit, en la matière, d'une autodidacte.
Un jour, de passage à Senlis, le galeriste allemand Wilhem Uhde, installé à Paris depuis 1904, ami de Picasso, remarque le travail de Séraphine Louis.
Il présente l'oeuvre de cette dernière, ainsi que celle d'Henri Rousseau, André Bauchant, Camille Bombois, Louis Vivin, dans le cadre de l'exposition Art naïf, organisée par ses soins à Paris, en 1928.
Internée depuis 1932, Séraphine Louis continue à peindre sans relâche.
Aujourd'hui dispersée, son œuvre est mal répertoriée, mal datée, et reste méconnue, voire peu considérée, faute de pouvoir apparaître dans sa cohérence et son cheminement propres.
Ce matin en recherchant des informations sur cette peintre dont je connaissais quelques tableaux mais rien de sa vie, j'ai appris que Séraphine est morte de faim en 1942, à l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise, après 10 ans d'internement.
Camille Claudel est également morte de faim en octobre 1943, à l'hôpital psychiatrique de Montdevergues, près d'Avignon.
Camille Claudel, le 25 février 1917, depuis Montdevergues, adresse au docteur Michaux une lettre poignante Pour lui demander d’intercéder en sa faveur.
Extrait :
Du côté de ma famille, il n'y a rien à faire : sous l'influence de mauvaises personnes, ma mère, mon frère et ma sœur n'écoutent que les calomnies dont on m'a couverte. On me reproche (ô crime épouvantable) d'avoir vécu toute seule, de passer ma vie avec des chats, d'avoir la manie de la persécution ! C'est sur la foi de ces accusations que je suis incarcérée depuis cinq ans et demi comme une criminelle, privée de liberté, privée de nourriture, de feu, et des plus élémentaires commodités.Paul Claudel lui-même, qui a visité sa sœur cinq fois en 30 ans, - certes il voyageait, car il exerçait le métier de diplomate !
Camille Claudel et Séraphine Louis, sœurs de famine, rêvaient de devenir ce qu'elle étaient : libres, artistes, femmes. La poursuite d'un tel rêve passa aux yeux de l'époque pour acte de piraterie qui menaçait l'ordre moral.
Deux artistes, deux femmes, deux vies, ont été ainsi abandonnées à l'institution, puis abandonnées par cette dernière.