Trop d'art, tue l'art ?

constat :
si on abuse trop d'une chose, on obtient l'inverse de ce que l'on espérait :
- un aliment en quantité recommandée est bon, en trop grande quantité, il tue.
- certains médicaments...
- en politique (encore) un gourvernement qui n'a pas d'opposition, avance le plus loin possible et ça donne une dictature.
- en art, certains artistes étant allés au bout de leur démarche ont "tué / mis fin" à leur démarche.
Exemples :
Ben avec son Dieu dans une balle de ping pong,
l'artiste qui a fait une exposition dans un musée vide où il n'exposait rien,
la toile "carré blanc sur fond blanc" (après cette toile que pouvait-il faire de plus (ou pire selon certains) sinon recommencer).
...

aujourd'hui, avec le temps libre et internet,
il est possible à un nombre croissant de créér et d'exposer sur internet...
Est-ce que cette prolifération est bonne pour l'art ?
(comme ces expos d'amateur dans les communes, dans lesquels je n'allais plus par ecoeurement. Je suis aussi dans le lot de ces exposants amateurs, mais j'espère que ce que je fais actuellement comme le dit FG n'est que des brouillons, et que je ferais un jour quelque chose qui vaille le coup; mais pour cela il faut faire des croûtes en attendant)
Ne sommes nous ("nous" général, pas forcément ceux sur le forum) pas en train de tuer le goût, l'esprit critique, l'art (il faut parfois éviter de regarder les "croûtes" car elles abiment l'oeil, comme à un cheval de course on ne met jamais un mauvais cavalier qui "déréglerait" le canasson). D'ailleurs, j'en profite pour m'excuser de vous imposer mes croûtes.

Evidemment, j'exagère exprès pour susciter le débat

le gars qui n'exposait rien dans une salle vide, et peignait des carrés blancs sur fond blanc va beaucoup mieux. Il aurait été victime d'un bug neuronal selon le docteur "No" qui le soignait.

Non, trop d'art ne tue pas l'art mais le renforce et nous amène vers le haut.

Par contre trop de daubes médiocres que l'on appelle de l'art oui.

à partir de quand peut-on dire qu'une daube est une daube ?
faut argumenter, ou mettre des exemples Isa

Ok j'argumente
Daubes pour moi c'est faire quelque chose de facile, sans grande recherche,
ni reflexion et déclarer que c'est de l'art.
Les expositions de quartier exposent des cagettes de daubes.
Donc dans cette ligné ton sujet sonne juste "trop d'art tue l'art"...

De l'art! Ce mot est galvauder à toute les sauces, dès qu'on trempe un pinceau dans la peinture on déclare être artiste.
Tant mieux...mais quand on se retrouve vraiment devant un truc a tomber par terre et que l'on se met à chialer de bonheur devant tant de beauté et d'émotion alors là je dit que j'en veux plus moi de l'art!

ça t'es déjà arrivé de "chialer devant tant de beauté" ?
pour quelle oeuvre par exemple ?

mais peut-être que tu "chialerais" aussi devant les chuttes du Niagara, par exemple.
Tu "chiales" parce que c'est beau, mais pas forcément parce que c'est une oeuvre d'art ?

du goût, il y en a pour tout le monde.
Il faut peut-être parles de l'art lié à une personne,
chacun fait son chemin dans ce domaine, c'est une éducation (chemin qui peut arriver en mille points de chute)
tous les chemins ne mènent donc pas à rome.

J'ai chialer une seule fois, c'est devant une sculpture de Ousmane Sow, le guerrier je crois...
son site

Non c'etait parceque c'etait joli mais bien parce que cette oeuvre revèllait en moi une des vérités de l'être humain.
Par contre je ne declare pas tenir la parole d'évangile en question d'art, c'est la mienne en tout cas

Celui qui exposait le Vide, Yves Klein, a fait boire un cocktail au cours du vernissage (sisi, y'en a eu un!) ; le lendemain, tous ces vernis pissaient bleu; ensuite Arman, dans la même galerie (Iris Clert, à Paris) Arman exposait le Plein, emplissant la galerie d'ordures, jusqu'au plafond... Pour le vernissage, j'ignore ce que les gens ont pu produire le lendemain . Mais c'est de l'art.

De plus en plus de gens se découvrent un besoin ou une envie de créer; de plus en plus de moyens sont mis à disposition pour faire des tas de trucs...qui sont appelés "art"; ces gens là sont appelés "artistes" à partir du moment où ils font quelque chose de leurs dix doigts...mais la vraie profondeur de l'artiste n'est pas donnée à tout le monde. L'artiste bouscule, chavire, ose, dérange, s'engage...il n'y a donc pas pour moi prolifération d'arts, mais prolifération de gens un peu doués, un peu audacieux qui se font plaisir et donnent de belles images au public mais qui ne feront jamais d'ombre aux vrais qui nous bousculent vraiment les tripes. Et ceux là ne seront pas les mêmes pour chacun d'entre nous...

Personnellement, je ne me dis pas artiste (je le dis parfois, parce que je ne sais pas comment le dire autrement) et ce que je fais j'aime pas l'appeler "oeuvre d'art", mais comment l'appeler autrement ? (objet de décoration ?)

mais je ne désespère pas, et c'est pourquoi je continues.

lemoing a écrit:

Personnellement, je ne me dis pas artiste

je ne le suis pas non plus dans ce domaine qui nous rassemble

Pour l'instant , le problème de l'Art et de la culture en général , c'est Sarko qui vient de décréter qu'il serait avec Albanel le grand manitou de la culture , ce nabot aculturé tenant les cordons de la bourse !

De quoi n'est-il pas le grand manitou, avec tout autour tout tout plein de toutous bien maniés ?

HERMAN a écrit:

Pour l'instant , le problème de l'Art et de la culture en général , c'est Sarko qui vient de décréter qu'il serait avec Albanel le grand manitou de la culture , ce nabot aculturé tenant les cordons de la bourse !

aculturé ?

faut quand même pas exagérer. S'il l'est alors y a du soucis à se faire de savoir qui l'est. En outre, ici c'est de sculpture dont il s'agit, et pas d'un syndicat.

les vrais artistes bousculeraient les tripes selon Wanda.

donc faudrait donner des exemples. J'en ai pas , à part au cinéma.

J'ai une grande admiration pour Myriam Boyer. Les dessins d'Ernest Pignon Ernest m'emeuvent, je suis touchée par Schiele, par le travail de Marc Perez,par les écrits d'Anokh Levin et de Fassbinder...par certaines chansons de Barbara ou d'Abdal Malik ou de Bashung, des morceaux de percussions africaines,des solos de saxo ou de basse, certaines pièces que sont capables de sortir certains d'entre vous...

Wanda, tu dis "je ne le suis pas (artiste) non plus dans ce domaine qui nous rassemble"
cela voudrait-il suggérer que tu l'est dans un autre domaine ? peux-tu préciser ?

juliette Binoche,sa peinture aussi, ma copine danseuse contemporaine,ma copine comédienne quand elle se surpasse ds une interpretation toujours plus habitée de la lettre d'une inconnue...Neka

je donne beaucoup de ma personne et de mon intime sur les planches; je me sens un peu artiste dans ces moments-la.

moi je verse ma cotisation à la caisse de retraite des artistes. C'est pas être artiste ça ?
Bon je réédite pour rajouter des smileys...au cas ou !

Wanda,
y-a-t-il des sensations similaires entre le moment où tu es sur les planches et le moment où tu crées de tes mains ?
comme ta réponse va être un peu floue !
je te demande tout de suite : " peux-tu préciser ?"
quel est le point commun artistique du comédien et du sculpteur ?

madame Dutour a écrit:

moi je verse ma cotisation à la caisse de retraite des artistes. C'est pas être artiste ça ?
Bon je réédite pour rajouter des smileys...au cas ou !

Je savais bien qu'il me manquait un paramètre essentiel!

lemoing a écrit:

Wanda,
y-a-t-il des sensations similaires entre le moment où tu es sur les planches et le moment où tu crées de tes mains ?
comme ta réponse va être un peu floue !
je te demande tout de suite : " peux-tu préciser ?"
quel est le point commun artistique du comédien et du sculpteur ?

Les sensations sont complètement différentes, elles se produisent dans l'instant, il y a un partage en direct...il y a un gros travail en amont mais le véritable acte artistique c'est la confrontation; quand je joue, je sens le public, il porte, il reçoit et renvoie immédiatement; l'échange est permanent et fort si on arrive à le happer. C'est aussi un art éphémère, c'est l'instant en dehors du temps. Quand je fais des choses de mes mains, je me fais avant tout plaisir et je choisis de partager ensuite.
J'espère ne pas avoir été floue; les points communs entre ces deux modes d'expression, et c'est là que les chemins de la sculpture et du théâtre se séparent, me concernant, ce sont: le don de soi, l'implication réelle, la mise à nu, la transmission de l'émotion, l'audace, la précision et le lâcher-prise.

Wanda a écrit:

les points communs entre ces deux modes d'expression, et c'est là que les chemins de la sculpture et du théâtre se séparent, me concernant, ce sont: le don de soi, l'implication réelle, la mise à nu, la transmission de l'émotion, l'audace, la précision et le lâcher-prise.

Hello wanda
je ne comprends pas ta phrase. Ce sont des points communs ou justement la séparation ?
Tu veux dire que tu ressents tout ça en théatre et pas en sculpture ?

C'est ça M'ame Dutour.

Avez-vous entendu parlé de ce qui se passe parfois sur scéne pour des groupes de musiciens (genre Mano négra)
qui au bout de plusieurs tournées peuvent atteindre une sorte de lâché-prise (je ne sais plus le nom), où ils jouent en symbiose, peuvent improviser, et ne se rappellent plus tout à fait ce qui s'est passé (une sorte de Nirvana), emballent la foule...

madame Dutour a écrit:

Tu veux dire que tu ressents tout ça en théatre et pas en sculpture ?

voui Madame...

Le lâcher prise vient de la précision dans le travail, paradoxalement; plus tu es précis et carré, plus facilement tu pourras t'affranchir, te libérer du cadre...quant à improviser, ce n'est pas du jazz, je ne peux pas me permettre de partir en live non plus! Mais me surprendre moi-même oui. Une petite flamme de quelques secondes où il s'est passé un truc, où les choses prennent un cours inhabituel, où on sent qu'on s'est mis un peu plus nu, où on a laissé parler le corps plus que d'habitude, où on était moins étriqué que la fois précédente.
(je joue en symbiose avec moi-même parce que seule sur scène, du moins j'essaie, car je me bats contre mes démons aussi...)