Un nouveau dans le 24

"C'est un jeune archéologue qui avait entendu parler d'une caverne merveilleuse remplie de trésors inestimables et l'avait cherchée sans relâche pour éplucher toutes les bibliothèques du monde et être mené aux quatre coins du globe. Ce faisant il était devenu le plus instruit d'entre eux jusqu'au jour où entendant parler de l'emplacement d'une montagne renfermant ce trésor, il finit par en trouver l'entrée après avoir fouillé et fouillé tous ses alentours.
Il était jeune encore. Alors il s'est mis à creuser et creuser davantage, il s'est mis à étayer et creuser et sortir des brouettes de terre, encore, encore, toujours plus, les jours, les semaines, les mois et les années passaient. Le trésor était là, il le savait, le sentait, il courrait du matin jusqu'au soir, creusait des galeries sans s’arrêter, ce trésor était sa vie, il allait bientôt le trouver, il en était si convaincu que cela décuplait son énergie. A droite, à gauche, des planches, des étais, des coups de pelles, il sortait la terre, le trésor allait apparaitre ici, là, il fallait continuer, peut-être derrière ça, pas regardé ici, revenir, passé juste à coté, non, plus loin, renforcer les planches,vite, là-bas, étayer plus loin, ce coin qui s'écroule, renforcer, d'autres planches, urgent ici, ouf, et là-bas...

Il vieillissait sans même s'en apercevoir, passant sa vie à courir dans d'interminables galeries qui vieillissant moins bien, se fragilisaient sans cesse jusqu'à ce qu'il passa la moitié de son temps à réparer toutes ces structures à la lueur de sa lampe qui lui usait ses yeux mais le trésor était là, rien d'autre ne comptait plus, il continuait à courir pour empêcher que ça s'écroule, il courrait pour arracher un peu de terre, il avait vu briller, non c'était son esprit qui lui jouait des tours, mais encore ça s'écroule ici et puis là, il fallait courir plus vite, tenir, renforcer, jusqu'au moment où il n'en pouvait plus et le pilier central qui allait céder maintenant .. alors il s'y est accroché de toutes ses forces, les larmes aux yeux, si proche de son but, il avait presque cherché partout, c'était pas le moment, encore un peu de temps, les larmes remontaient et plus sa gorge se serrait, il tenait, accroché au pilier central, tout vacillait, jamais il n'avait mis autant d'énergie à résister.. mais dans un bruit énorme, sous le pilier qui avait cédé, toutes les planches ont volé en éclats, toute la terre s'est écroulée, tout le travail de sa vie entière venait de s'anéantir en quelques secondes. Abasourdi et pour sauver ce qui lui restait de vie, épuisé au terme d'un combat acharné et sans fin, le vieillard s'est encore dégagé, a retrouvé sa lampe cassée, a pu la rallumer et à cet instant, devant ses yeux fatigués, le trésor est apparu, toute la voûte était incrustée d'or et de diamants à perte de vue, il y en avait partout. Depuis le début, il aurait suffi d'une chose, une seule, pour le trouver: Lâcher prise."

Lâcher prise: c'est trouver la paix, renaitre sans perdre de soi et doucement, reconstruire à soi, sans ne laisser à rien ni personne le pouvoir de nous détruire, trouver le calme puis commencer un peu à créer, à ouvrir, infiniment lentement, l'art, celui caché dans nos mains. Par plaisir. Pour l'émotion qui est dedans et pour laisser après nous, quelque chose qui restera vivant,..
peut-être comme la sculpture d'un artiste modeste que j'ai eu plaisir à voir un peu plus haut dans le fil. Ce sont des étapes qui se suivent. Au début il faut y penser, ensuite il faut vouloir et enfin il faut oser, après quoi, s'y tenir, pour alors y arriver. Le plus simple c'est d'abandonner, c'est évident. Mais le plus beau, alors ça, alors ça...